Les attaques terroristes perpétrées à Bruxelles le 22 mars ont provoqué la stupeur et l’effroi dans le monde entier, et suscité une immense vague de solidarité avec la Belgique.
Mes pensées vont aux victimes, à leur famille et à leurs proches. Une minute de silence a eu lieu à leur mémoire en prélude des Questions au Gouvernement le 22 mars. Et dès le lendemain, une délégation du Bureau de la Commission des Affaires Étrangères, dont je suis membre, se rendait à l’Ambassade de Belgique à Paris, auprès de son Excellence M. Vincent Mertens de Wilmars, pour délivrer un message de solidarité et nos condoléances au peuple belge.
A travers ces attentats odieux, c’est bien sûr toute l’Europe qui est frappée et, avec elle, les valeurs démocratiques qu’elle défend et incarne sur la scène internationale. La barbarie terroriste lance un défi à l’Europe dispersée. Et c’est un défi que nous relèverons car rien, et surtout pas l’obscurantisme de fanatiques sanguinaires, ne saurait faire trembler le socle d’idéaux et de principes sur lequel nos nations se sont construites. La riposte se doit d’être européenne, ce qui exige de l’Europe qu’elle prenne les dispositions indispensables face à la gravité de la menace.
La France qui a été elle-même attaquée en janvier 2015 et novembre dernier y prend toute sa part. Elle poursuivra de manière implacable la lutte contre le terrorisme, aussi bien sur le plan international qu’intérieur. Ces évènements montrent d’ailleurs toute l’importance de mettre en œuvre au plus vite les demandes que la France a formulées à l’Union pour renforcer encore la coordination et la lutte antiterroriste à l’échelle européenne et internationale :
- Tout d’abord il y a urgence à inscrire le PNR européen à l’ordre du jour des débats au Parlement.
- Ensuite les modalités de contrôle aux frontières extérieures et au sein de l’espace Schengen doivent être améliorées. Le système d’information Schengen doit être systématiquement interrogé au moment du contrôle aux frontières extérieures de l’Union européenne, qui doit lui-même être renforcé. Les fichiers criminels doivent être connectés au système d’information Schengen.
- Une force d’intervention européenne de lutte contre les faux documents mobilisant les meilleurs spécialistes de chacun de nos pays doit pouvoir intervenir sans délai aux frontières extérieures de l’Union européenne.
- Enfin, la lutte contre le trafic d’armes doit faire l’objet d’initiatives renforcées et de décisions urgentes, notamment la modification de la directive 91 qui régule (mais pas suffisamment) la circulation des armes à feu à usage civil au sein de l’UE.
Voir ici mon article de janvier dernier sur l’urgence d’une réponse européenne au terrorisme.
Dans ces circonstances, le gouvernement français a d’ores et déjà décidé de renforcer encore le dispositif de sécurité, la police aux frontières et dans les infrastructures de transports. 5 000 policiers et gendarmes ont été ainsi mobilisés au contrôle de l’ensemble de nos frontières, en particulier celles du Nord. Au total, 220 points font l’objet de contrôles dont 42 de manière systématique et permanente. Depuis 4 mois, 6 millions de personnes ont été contrôlées et 10 000 individus ont été empêchés d’entrer sur le territoire national. A la suite de l’arrestation de Salah Abdeslam, ce dispositif a été encore étoffé.
D’autre part, il y a eu un rehaussement très sensible des moyens de nos services de police et de renseignement, avec l’application rigoureuse de l’état d’urgence, dans le respect des règles de droit (voir mon article à ce sujet ici). 1600 policiers et gendarmes supplémentaires ont été déployés en différents points du territoire, notamment dans les infrastructures de transports aériens, maritimes et ferroviaires. Les instructions déjà données à tous les préfets, leur demandant de prendre les dispositions nécessaires pour renforcer encore davantage avec la plus grande vigilance la sécurité dans les gares, les transports en commun, les aéroports et les ports, ont été réitérées. En Ile-de-France, le Préfet de Police a d’ores et déjà déployé 400 policiers et gendarmes supplémentaires, en particulier sur les plates formes aéroportuaires de Roissy et d’Orly, dans le métro, dans les principales gares dans les espaces publics et dans les zones réservées. C’est aussi le cas sur le reste du territoire où 600 autres policiers et gendarmes ont été mobilisés en plus des forces déjà déployées.
Nous le réalisons, avec douleur, une nouvelle fois : la France est en guerre, elle subit des actes de guerre. Et face à cette guerre aveugle, la seule réponse doit être notre dignité, notre attachement indéfectible à nos valeurs républicaines, notre vigilance et notre mobilisation de tous les instants. La guerre pour abattre le terrorisme, dans et hors de nos frontières, sera longue. Les responsables politiques, de tous bords, se doivent d’agir et de s’exprimer avec sang-froid, avec lucidité, avec détermination, en veillant plus que jamais à préserver notre unité, au niveau national, européen et mondial.