C’est dans un lieu emblématique de la réhabilitation des quais de Seine, au 106, ancien hangar portuaire devenu LA salle de concert de musiques actuelles de Rouen, qu’a été lancé le 14 mars dernier l’appel à projets pour « Réinventer la Seine ».
Paris, Rouen Le Havre et Haropa ont décidé d’engager collectivement cette dynamique qui va permettre d’inventer de nouvelles façons de vivre sur et au bord de l’eau, en imaginant de nouveaux usages et aménagements de notre fleuve fétiche.
J’étais naturellement présente à la conférence de lancement de cette belle opération, qui s’est tenue sous la houlette du Préfet François PHILIZOT, délégué interministériel au développement de la Vallée de la Seine, de la Maire de Paris Anne HIDALGO, du Député-Maire du Havre Edouard PHILIPPE, du Président de la Métropole Rouen Normandie Frédéric SANCHEZ, et du Maire de Rouen Yvon ROBERT.
« Réinventer la Seine » consiste à imaginer la métropole du XXIe siècle qui s’étendra de Paris au Havre et donnera chair à ce vieux rêve qu’avait exprimé Napoléon en 1802 : « Paris, Rouen, Le Havre, une seule ville dont la Seine est la grande rue« .
Pour cela, une quarantaine de sites vont être mis à disposition en vue d’y implanter des projets innovants : bâtiments en friche, usines, écuries, ponts, etc., qui sont aujourd’hui la propriété des pouvoirs publics et seront désormais offerts à l’imagination des acteurs privés ou publics, architectes, aménageurs, institutionnels, pour développer des projets porteurs de sens, de qualité de vie, de performances économique et environnementale.
Seul point commun de ces 42 terrains : être situés aux abords de la Seine et de ses canaux, le long de cet immense corridor naturel, tantôt sauvage, tantôt très urbanisés, qui s’étend de Paris à la Manche. La Seine, le cœur battant de notre capitale normande, sa colonne vertébrale, son poumon économique, la grande avenue qui a a toujours animé la vie sociale des Rouennaises et des Rouennais, va connaître un second souffle.
Exemples : à Rouen, le Chai à vin, le plus grand chai à vin d’Europe (2000 m² !), bâti en 1950 par l’architecte Pierre-Maurice Lefebvre et situé au cœur de la presqu’île de Waddington, fait partie des sites qui seront repensés, revalorisés et qui renaîtront grâce à l’appel à projets. L’ancien espace Jacques Anquetil, sur l’île Lacroix, est également concerné, ainsi que l’église Saint-Paul au pied de la côte Sainte-Catherine, l’écoquartier Flaubert au pied du majestueux pont éponyme (la porte d’entrée maritime de notre ville) ou encore le Hangar 105 avec ses 8km de promenade.
Au total, douze sites se situent à Rouen, autant au Havre et une vingtaine sur le territoire parisien.
Quatre dénominateurs communs seront pris en compte pour sélectionner les réponses à l’appel à projets :
- L’innovation dans le rapport à la Seine, aux canaux l’instauration d’un nouveau rapport à l’eau ;
- la mixité des usages pour éviter la spécialisation et le cloisonnement excessif des fonctions en bord de Seine: touristique, culturel, industriel, patrimonial, transports… ;
- l’ouverture au public pour faciliter l’intensification du rapport à l’eau ;
- l’excellence environnementale et sociale.
Derrière cette opération inédite, il y a le désir de reconquérir le fleuve, de revaloriser ce patrimoine naturel en donnant à ses riverains et à ses acteurs économiques un nouvel élan, un nouvel horizon et l’envie de se le réapproprier.
Il y a aussi la volonté de repenser l’aménagement et la cohésion du territoire, de mettre en place une politique industrielle qui crée des emplois, tout en améliorant notre cadre de vie collectif, en développant les loisirs, le tourisme, les événements culturels, artistiques et sportifs. Nul doute que cette réflexion collective fera émerger des usages inventifs, originaux,inattendus, auxquels aucune des collectivités participantes n’aurait pensé isolément. Nous espérons tous que la créativité et l’énergie des équipes pluridisciplinaires qui se constitueront pour « Réinventer la Seine » seront bouillonnantes et sans limites !
Le lancement opérationnel est prévu pour début mai et les sites seront mis à disposition en deux vagues successives, de mai 2016 à fin 2017, puis d’octobre 2016 à fin 2017.
Pour en savoir plus, voir le site Internet de « Réinventer la Seine ».
Un accélérateur pour renforcer aussi l’attractivité des ports de l’Axe Seine
« Réinventer la Seine » s’inscrit dans le cadre plus large du rapprochement à l’œuvre depuis 2010 entre les collectivités publiques du Havre, de Paris et de Rouen. Ce rapprochement s’est déjà concrétisé par la création du GIE HAROPA et l’élaboration d’un calendrier de réalisation pour la ligne LNPN à l’horizon 2030, sans compter le Contrat de Plan Interrégional Vallée de Seine 2015-2020.
L’affirmation et la valorisation de l’Axe Seine comme bassin de vie autour de ses trois grands pôles – Paris, Rouen et Le Havre – et avec ses acteurs économiques, au premier rang desquels nos ports, sont absolument fondamentales. Je participe activement à cet objectif, à travers la mission que le Premier ministre m’a confiée avec le Sénateur Charles REVET sur le renforcement de l’attractivité et la compétitivité des places portuaires de l’Axe Seine.
La mission a pour ambition d’assurer le portage politique des solutions concrètes, pragmatiques qui permettront d’améliorer le report modal sur le fleuve et le rail, de développer le fret, d’élargir l’Hinterland de nos ports vers l’Europe centrale, d’assurer une qualité de service pour l’Île-de-France et ses 15 millions d’habitants. Dans un contexte où 90% des marchandises transitent par la mer, nous avons l’obligation pour notre Région, pour notre pays, de faire du Havre la porte maritime du Grand Paris, avec la Seine comme fil conducteur, à l’image des autres métropoles au destin mondial qui ont toutes cherché à accéder à la mer (Londres, New-York, Shanghai, Dubaï…).
L’appel à projet « Réinventer la Seine » s’inscrit dans cette ambition collective de faire entrer l’Axe Seine dans le XXIe siècle. En confiant à des équipes pluridisciplinaires la responsabilité de transformer des lieux, de leur donner un nouveau souffle, une nouvelle destination, la responsabilité de connecter nos territoires, il fera la démonstration qu’il n’y a que l’intelligence collective qui est source d’innovation, l’unique voie de l’avenir et du progrès.